Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 16 octobre 2013, relative à deux sculptures, Un chanoine présenté par saint Joseph et le Roi mage Melchior, albâtre avec rehauts de dorure, Artois (?), vers 1520-1530 ;
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 19 février 2014,
Après en avoir délibéré,
Considérant que les biens pour lesquels le certificat d'exportation est demandé sont deux sculptures en albâtre, datant probablement du début du xvie siècle et appartenant au même ensemble que quatre autres œuvres connues ; que ces statuettes constituent des vestiges importants du mobilier de l'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité d'Arras, détruite au début du xixe siècle, et proviennent plus précisément de l'ornement de l'autel de la Manne, dit aussi « autel des reliques », célèbre sous l'Ancien Régime pour la protection qu'il était réputé assurer au royaume de France, qui se dressait derrière le maître-autel, dans l'axe du chœur, où ces effigies faisaient partie d'un ensemble représentant l'Adoration des Mages ; que ce groupe, initialement composé de sept figures qui, selon des représentations anciennes, se seraient trouvées disposées dans les niches de la caisse du retable de cet autel, témoigne d'un programme iconographique recherché ; qu'il est vraisemblablement issu de la commande prestigieuse d'un chanoine de la cathédrale, qui a offert à son église le retable et ces sculptures et s'est fait représenter agenouillé aux pieds de saint Joseph ; que ces œuvres, conçues dans un matériau précieux et fort apprécié à l'époque dans cette région, d'une facture très soignée et dans un bon état de conservation, évoquent la production des ateliers des anciens Pays-Bas méridionaux et se rattachent stylistiquement à des créations des années 1520-1530 et notamment à l'époque des œuvres tardives du peintre Jean Bellegambe (vers 1470-1534/1540) ; que ces pièces remarquables, d'une importance historique majeure, notamment pour la ville d'Arras, ont vocation à rejoindre les autres sculptures du même ensemble déjà conservées dans les collections publiques françaises depuis le xixe siècle, qui, à l'exception de la Vierge à l'Enfant, serait ainsi complètement reconstitué ;
Qu'en conséquence ces œuvres présentent un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doivent être considérées comme des trésors nationaux ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.