Le ministre de l'agriculture et de l'alimentation,
Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles régissant l'aide aux plans stratégiques devant être établis par les Etats membres dans le cadre de la politique agricole commune COM (2018) 392, notamment ses articles 95 et 125 ;
Vu la directive 2001/42/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2001, relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement, notamment ses articles 3, 4 et 9 ;
Vu le code de l'environnement, notamment ses articles L. 121-1 à L. 121-15, L. 122-4, et R. 121-1 à R. 121-16 ;
Vu la décision n° 2019/147 du 6 octobre 2019 de la Commission nationale du débat public d'organiser un débat public sur le plan stratégique national de la France dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune ;
Vu le bilan dressé par la présidente de la Commission nationale du débat public ainsi que le compte rendu établi par la présidente et les membres de la commission particulière du débat public ;
Considérant que le débat a fait ressortir notamment :
- la nécessité de poursuivre l'objectif de souveraineté alimentaire, en défense d'une agriculture de qualité, proche des consommateurs, et en capacité de répondre aux besoins et aspirations de la société ;
- un consensus sur le besoin de préserver le modèle de production français et d'éviter les distorsions de concurrence, en harmonisant au maximum les exigences sanitaires, environnementales, et sociales au niveau européen et en exerçant une vigilance sur le respect des exigences européennes par les produits importés, et une large adhésion au maintien des outils de régulation des marchés agricoles, efficaces et réactifs, notamment en cas de crise ;
- un besoin de reconnaissance accrue du rôle des agriculteurs dans la société et dans les territoires ruraux, notamment celle de leur fonction nourricière et de l'acte productif au cœur de leur métier ;
- une demande de protection renforcée de l'environnement, en particulier concernant la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, comme l'eau et les sols, la lutte contre les dérèglements climatiques, la sobriété en intrants comme les pesticides, l'eau et les engrais d'origine non renouvelable ;
- un consensus partagé autour de l'enjeu de la transition, accompagné de visions différentes sur le rythme et les moyens de cette transition ;
- une demande des citoyens de prendre davantage en compte le bien-être des animaux ;
- une demande de territorialisation des filières alimentaires, et de rapprochement organisé entre l'offre et la demande locales, permettant un approvisionnement alimentaire équilibré des territoires et garantissant le maintien de la production agricole et de ses débouchés partout sur le territoire national, y compris dans les territoires les plus éloignés ou les plus défavorisés ;
- un intérêt public marqué pour les questions agricoles et alimentaires, et une volonté de transparence des décisions et des informations mises à disposition des consommateurs en la matière, en lien avec des préoccupations de qualité gustative, de provenance, de qualité nutritionnelle ou de conditions de production (sociales, de santé publique, environnementales…) des produits alimentaires ;
- l'intérêt de la formation initiale et continue des agriculteurs, ainsi que de l'accompagnement de ces derniers dans la réalisation de leur transition et la conduite de leurs exploitations ;
- l'importance de l'enjeu du renouvellement des générations en agriculture, et la nécessité d'accompagner l'installation des jeunes agriculteurs et d'améliorer les moyens facilitant la transmission entre les agriculteurs sortants et les nouveaux entrants, notamment dans la gestion du foncier agricole ;
- des visions différentes sur le degré souhaitable de ciblage des aides de la politique agricole commune sur les actifs agricoles, sur certaines filières, ou certains territoires, en particulier s'agissant des outils à mobiliser ou de l'ampleur de leur utilisation dans la future politique agricole commune ;
- la nécessité d'une gestion multifonctionnelle et durable des forêts françaises, notamment face au défi du changement climatique, qu'il s'agisse des forêts publiques ou privées ;
- le besoin de tenir compte des spécificités de l'agriculture ultramarine et de la diversifier, dans un objectif de renforcement de la souveraineté et de diminution de la dépendance aux marchés extérieurs de ces territoires ;
- une demande de concertation renforcée tout au long du processus de réforme de la politique agricole commune et d'élaboration du plan stratégique national, sur l'ensemble des sujets qu'il doit aborder, et en particulier sur le contenu futur de certains dispositifs nouveaux comme l'écorégime du premier pilier, amené à reconnaître les services rendus par les pratiques et systèmes agricoles favorables à l'environnement ;
- l'importance de développer de nouveaux espaces de concertation et d'ouverture aux citoyens pour définir des objectifs et des solutions partagées ;
Considérant les conclusions générales et les recommandations du compte rendu du débat public et les 1083 propositions formulées par les participants,
Décide :
Fait le 3 avril 2021.
Julien Denormandie